Textes
Car tout dépend de nous.
Tu touches l’enveloppe de l’air, tu en lèves l’équilibre.
Tout ce que nous avons perdu, ce que nous avons retrouvé,
Tout l’air passé par les pompes des poumons –
Quel en sera le sens sans notre douleur et notre déception ?
Quelle en sera la valeur privée de notre joie ?
Car tout est question de tes doigts.
Tu touches ses vêtements et tu sais : rien
Ne reviendra, un nom prononcé
Une fois change les voix, entremêle les racines des noms,
Pour que tu te battes désormais sur les langues mortes,
Tentant par ce biais
De s’entendre avec les vivants.
Tu touches ses affaires et tu comprends – derrière chaque mot,
Derrière chaque action se profile l’impossibilité d’un retour.
Le courage et la tristesse nous accompagnent
L’irréversibilité de l’amour, l’illisibilité de la plupart
des prophéties et des prévisions sombres.
Il ne nous arrive que des choses que nous désirons
Ou bien ce que nous redoutons. La question est de savoir
Ce qui l’emportera, le désir ou la peur.
La nuit résonnera de musique dans les cloisons
De nos doigts, la pièce se remplira de lumière
Des dictionnaires apportés.
Car tout repose sur la capacité
De parler la langue morte de la tendresse.
La lumière est composée d’obscurité
Et ne dépend que de nous.
© Serhiy Jadan | Traduit par Iryna Dmytrychyn