Textes
Puisque jamais on ne t’arrachera,
On ne t’emportera,
Puisque ta liberté
Est limitée,
Puisque tu n’as
Aucun barda,
Puisque tu n’écoutes jamais
Car tu sais déjà
Ce que je dirai,
Puisque dans cette langue
Il n’y a plus de mots normaux,
Puisque la syntaxe
Qui nous sauvait
Est déjà datée,
Puisqu’ayant cru un jour
Tu croiras toujours,
Puisque c’est maintenant
Que me manquent
Ton visage et ton nom,
Je ne te laisserai pas vivre
Comme tu voudrais
Comme si je n’arrêtais pas mon sang pour toi,
Comme si de rien n’était,
Je tenterai tout de même
De t’aider,
Je gâcherai tout
Et je toucherai au but.
Réfléchis,
Comment pourrais-je renoncer à tes lettres ?
Comprends-tu ce que je voulais de toi ?
Je voulais que tout soit
Selon tes propres désirs.
Il faudrait donc continuer à écrire
Toutes ces lettres.
Il faudrait admettre
Que tout va passer.
Il faudrait ne pas parler
De ce qui a de la valeur,
Il faudrait redouter la liberté,
Respecter les limites extérieures.
On n’évite pas le bonheur.
On n’évite pas le bonheur.
© Serhiy Jadan | Traduit par Iryna Dmytrychyn